Un anesthésiste jugé pour 30 empoisonnements, dont 12 mortels

Publié : 8 septembre 2025 à 6h08 par
Tom Briot - Journaliste

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Ce procès est annoncé comme l’un des plus longs et complexes de l’histoire judiciaire récente.

Medecin condamné
Crédit : Illustration Envato - DR

Le procès de Frédéric Péchier s’ouvre ce lundi 8 septembre devant la cour d’assises du Doubs, à Besançon. Le médecin anesthésiste de 53 ans, originaire de Poitiers, est accusé d’avoir empoisonné volontairement 30 patients entre 2008 et 2017 dans deux cliniques privées de la ville. Douze d’entre eux sont morts.

Présidé par la magistrate Delphine Thibierge, plus de trois mois d’audience sont prévus, jusqu’au 19 décembre 2025. Au total, plus de 150 parties civiles seront représentées, encadrées par 55 avocats. L’accusation voit en Frédéric Péchier le "dénominateur commun" d’une série d’arrêts cardiaques suspects, parfois survenus lors d’interventions bénignes.

L’affaire a démarré en 2017, après la découverte d’une dose létale de potassium dans une poche de perfusion utilisée pour l’anesthésie d’une patiente. Les enquêteurs ont ensuite retenu 30 cas d’empoisonnements aggravés, sur des patients âgés de 4 à 89 ans. Le médecin est soupçonné d’avoir volontairement contaminé les poches de solutés de ses collègues, avant d’intervenir lui-même lors des réanimations.

 

L’accusé clame son innocence

Inculpé mais laissé en liberté sous contrôle judiciaire, Frédéric Péchier encourt la réclusion criminelle à perpétuité. Il nie fermement les faits, affirmant que les incidents médicaux reprochés relèvent d’"erreurs de ses collègues" et non d’empoisonnements. "Il faut que j’aille me battre une dernière fois, que cela se termine", déclarait-il encore quelques jours avant son procès.

Ses avocats, Randall Schwerdorffer et Lee Takhedmit, plaideront l’acquittement. Mais à la veille du procès, la défense est fragilisée par un autre débat : la rémunération des avocats sous aide juridictionnelle. Les conseils du médecin jugent insuffisante l’enveloppe de 37.500 euros pour un procès de cette ampleur, et ont menacé de se retirer. Le conseil de l’ordre des avocats de Besançon a lui-même "déploré" le manque de moyens alloués à la défense dans les procès de longue durée.

 

Un enjeu judiciaire et symbolique

L’affaire Péchier interroge donc bien au-delà de la médecine. Les magistrats devront déterminer si ce médecin, réputé pour ses compétences en réanimation, est un praticien injustement accusé ou l’un des pires tueurs en série de l’après-guerre. Entre la gravité des faits reprochés et la complexité technique du dossier, le procès s’annonce hors norme.

 

Avec AFP