Violences sexuelles sur mineurs dans la Vienne : "ça détruit un enfant et une famille"
Publié : 24 juin 2025 à 14h42 par Romane Hocquet
La fille de Sara, 4 ans, fait partie des victimes d'un animateur de 33 ans qui travaillait dans une école de Chauvigny. L'homme a reconnu un viol et des attouchements sur plusieurs enfants.
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L'animateur de 33 ans a travaillé dans une école de Chauvigny et dans un centre de loisirs de Valdivienne pendant plusieurs années. Une vingtaine d'enfants auraient été violés ou agressés sexuellement par cet homme, d'après l'association de parents. Sara est la maman d'une fillette de 4 ans qui fait partie des victimes. Témoignage.
Sara a appris l'affaire par la presse, révélée en juin dans un article de La Nouvelle République. Sa fille a été scolarisée à l'école maternelle Les Guiraudières, dans la commune de Chauvigny. Là où travaillait l'animateur que la fillette côtoyait quotidienne sur le temps périscolaire. "Je me posais beaucoup de questions. Quand l'article est sorti, j'ai décidé de lui montrer une photo de cet homme pour avoir des réponses. Et à ce moment-là, elle s'est fermée, elle est devenue toute blanche. Elle se sentait gênée, comme si elle avait fait une bêtise."
Grâce aux mots rassurants de ses parents, la parole de la petite fille se libère. Des révélations glaçantes qui hantent encore Sara : "Elle m'a dit qu'il lui avait montré son zizi, en faisant le geste de tenir un sexe. Là, ça a été la dégringolade pour moi. Même encore aujourd'hui, quand je la vois jouer, ça me revient en tête."
Une vingtaine de victimes
La fille de Sara ne serait pas la seule victime. À ce stade, les parents d'élèves auraient recensé une vingtaine de cas, des enfants âgés de 2 à 10 ans. Le procureur de Poitiers a également lancé un appel à témoignages. Le collectif souhaite se transformer en association - "Les Voix de l'Innocence" - dans la perspective d'un procès. Un groupe Facebook a été créé pour rassembler les parents concernés.
Les parents se sont rassemblés samedi 21 juin sur les marches de l'hôtel de ville de Chauvigny. "Bien sûr qu'on est colère", reprend Sara. Une colère contre l'école et les élus. "Le maire n'est pas responsable de ces actes, mais pourquoi ne nous avoir rien dit ?". Deux mois se sont écoulés entre la démission de l'animateur en mars et la publication de l'article de presse. "On n'était au courant de rien !"
"On se sent abandonnés, on a peur d'être oubliés"
Sara s'inquiète désormais pour la prise en charge psychologique de sa fille. "On se sent abandonnés, on a peur d'être abandonnés. On redoute les impacts que ça va avoir sur elle. Les médecins sont débordés, il y a des cellules d'écoute au CHU de Poitiers mais c'est très long, pourtant c'est maintenant que nos enfants ont besoin d'être écoutés !". Elle espère que la mairie prendra en charge financièrement ce suivi psychologique. Un conseil municipal est prévu mardi 24 juin.
L'animateur est en détention provisoire à la prison de Vivonne, près de Poitiers. La petite fille de Sara, elle, a changé d'école.