Enfants fauchés à vélo à La Rochelle : 4 ans de prison avec sursis requis contre la conductrice octogénaire

Publié : 2 juillet 2025 à 13h07 par
Romane Hocquet - Journaliste

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L'automobiliste de 83 ans avait percuté un groupe d'enfants à vélo. Margot, 10 ans, n'a pas survécu à ses blessures.

Procès avenue Coligny
Camille Paineau, la mère de Margot, et son avocat, Me Vincent Julé-Parade.
Crédit : Alouette DR | Romane Hocquet

La conductrice de 83 ans comparaissait ce mardi 1er juillet devant le tribunal correctionnel de La Rochelle. Elle est poursuivie pour homicide et blessures involontaires, avec délit de fuite. Le 5 juin 2024, l'octogénaire a fauché un groupe de 12 enfants à vélo. Le Parquet a requis 4 ans de prison avec sursis.

"J’ai eu un trou noir". À la barre, la femme de 83 ans, en chemisier jaune, parle d'une voix fébrile, à peine audible. Derrière elle, une salle comble dans une chaleur étouffante. Ce matin de juin 2024, dans sa Twingo jaune, la conductrice roule à contre-sens sur l'avenue Coligny et percute de plein fouet un groupe d'enfants à vélo. Ils sont 12 à pédaler, encadrés par deux animateurs du centre de loisirs. "Aucune faute n'a été commise de leur part", rappelle d'emblée le tribunal.

7 enfants seront blessés, dont Margot, projetée sous une voiture en stationnement. Elle ne survivra pas à son traumatisme crânien. "Du sang, des larmes, des cris" : une scène de guerre.

 

"Un peu" responsable

Dans la salle, les familles des victimes attendent des réponses. Des espoirs douchés dès les premières minutes de l'audience. "Est-ce que je me sens responsable ? Un peu. Je conduis plutôt bien, en tout cas, on ne m'a jamais rien dit", assure l'octogénaire.

"Pourquoi être partie après avoir percuté les enfants ?", demande le président du tribunal. "Je n’ai pas d’explication", répète l’octogénaire qui roulait à 38km/h ce jour-là, plus que la vitesse autorisée sur cette avenue de la ville, sans piste cyclable. Elle avait alors continué sa route "comme si de rien n'était" d'après plusieurs témoins. L'un d'eux avait fini par la rattraper.

 

Aucune empathie

Cette femme - peu expansive, isolée socialement – explique alors avoir eu un malaise. Un expert cardiologue avait avancé l'hypothèse d'une syncope. Pas de quoi convaincre le Parquet : "une syncope, c'est une perte de connaissance brutale et brève. Là, vous aviez la tête droite et vous teniez le volant", a tranché Sophie Debas, la procureure.

Après avoir percuté les enfants, l'octogénaire a poursuivi sa route, avec un pare-brise étoilé et un rétroviseur en moins. Elle a roulé près de 400m, s'est arrêtée à un feu rouge et a mis son clignotant pour tourner.

Pendant 6 heures d'audience, la conductrice égraine un propos souvent confus, contradictoire et toujours dénué d'émotion. Aucun mot, aucun regard envers la maman de Margot, assise à quelques mètres. Cette femme veuve explique ne pas prendre d’anti-dépresseur, en contradiction avec les analyses de sang qui ont démontré la présence de Temesta. Elle raconte aussi avoir eu plusieurs malaises, déjà, avant l’accident. En avril, deux mois avant le drame, une syncope l'a même conduite à l'hôpital après une chute.

 

"Que le souvenir de Margot vous hante"

"Quand je ne suis pas bien, je ne prends pas le volant", argumente la conductrice. "Vous n'étiez pas capable de conduire", conclut le Parquet, qui balaie une éventuelle abolition du discernement. En fin d’audience, poussée par son avocat et en larmes, elle a demandé pardon aux familles des victimes,"et particulièrement aux parents de la petite Margot".

"Je vous fais confiance pour lui rendre justice", avait demandé Camille Paineau, la mère de la fillette, face au tribunal. "Que le souvenir de Margot puisse vous hanter", a renchéri l'avocat de la famille, Maître Vincent Julé-Parade.

Le Parquet a requis 4 ans de prison avec sursis, une annulation du permis de conduire et 200 euros d'amende, mais n'a pas retenu le délit de fuite. L'avocat de l'octogénaire a plaidé la relaxe. La décision du tribunal a été mise en délibéré au 22 juillet.