Femme séquestrée en Loire-Atlantique : "elles se sont embrouillées toutes les deux et ça a pris des proportions..."

Publié : 23 octobre 2025 à 9h59 par
Elouen Rouchy - Journaliste

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Une femme de 45 ans, disparue depuis le mois d'avril 2022, vivait enfermée dans un garage près de Saint-Molf, séquestrée par son ancienne colocataire de 60 ans et un homme de 82 ans.

Maison et garage dans lequel une femme de 45 a été séquestrées pendant 5 ans près de Saint-Molf
Maison et garage dans lequel une femme de 45 a été séquestrées pendant 5 ans près de Saint-Molf
Crédit : Alouette DR

Le cauchemar a duré cinq ans pour cette habitante du petit hameau de Kerhudal, à 3 kilomètres de Saint-Molf. Il a pris fin ce mardi 14 octobre au soir, lorsque la victime a réussi à s'échapper de la maison où elle est séquestrée.

En nuisette et en état d'hypothermie, elle a trouvé refuge chez une voisine. "Elle m'a dit qu'elle a entendu des cris", témoigne Jacqueline, qui habite à quelques mètres de la maison. Elle a pu échanger avec la voisine qui a recueilli la victime.

"Lorsqu'elle est sortie, elle a vu la dame avec les mains ensanglantées et en nuisette. 'Je ne vous dis pas le reste' m'a-t-elle expliquée. Je n'imaginais pas qu'il s'était passé quelque chose comme ça tout près de chez moi."

La victime a profité d'un moment de relâchement de ses bourreaux alors qu'ils regardaient la télévision pour s'échapper et frapper à la fenêtre de sa voisine. Elle lui raconte alors avoir été enfermée et maltraitée depuis cinq ans. Ce que la police pense, dans un premier temps être un délire, est finalement confirmé. Une femme de 60 ans et un homme de 82 sont mis en examen


Elle vivait dans le garage, faisait ses besoins dans un pot et mangeait de la bouillie avec du liquide vaisselle

Les conditions de détention de cette quinquagénaire sont inhumaines. Elle était contrainte de vivre dans le garage collé à la maison où vivaient ses geôliers, de dormir sur un transat, de faire ses besoins dans un pot ou des sacs plastiques. Elle se nourrissait de bouillie mélangée à du liquide vaisselle. La porte du garage était bloquée de l'extérieur par plusieurs parpaings, l'empêchant ainsi de sortir. Les perquisitions menées sur place par les gendarmes ont confirmé toutes les explications de la victime.

Des faits reconnus par les deux mis en cause, mais qui ont quand même tenu à minimiser leur responsabilité.


Capture d'écran Google Street View de la maison ainsi que du mis en cause. On y voit le garage bloqué par d'importants objets ainsi que d'une moto.

 

Le procureur de Nantes a indiqué que la victime est une femme "particulièrement fragile psychologiquement. Elle précisait avoir quelques fois pu sortir à l'extérieur, y passant des fois des journées entières, dans la pluie ou le froid avant de retourner dans la maison. Elle a indiqué faire l'objet de violence." 

 

"Une embrouille entre amies"

La question que l'on se pose, c'est de savoir comment les deux mis en cause en sont arrivés à séquestrer cette femme. Ce que l'on sait, c'est que la victime, au départ, vivait en colocation avec la femme (une aide-soignante) qui a fini par la séquestrer peu de temps après l'arrivée d'un homme, mis en cause également. Âgé de 82 ans, il confie au micro d'Alouette :

"Elles avaient des problèmes de couple et elles se sont toutes les deux rapprochées. C'était une amie. Elle l'a aidée dans des démarches, mais elles se sont ensuite embrouillées toutes les deux et ça a pris des proportions..."

"On ne s'attendait pas à ça"

Ce mercredi 23 octobre, le petit hameau de Kerhudal était encore sous le choc de la nouvelle qui commençait à se répandre. Sur place, personne ne semblait vraiment connaître les habitants de cette maison. Jacqueline habite à quelques dizaines de mètres et raconte au micro d'Alouette avoir appris cela "avec beaucoup d'étonnement. On ne s'attendait pas à ça. Il y avait des bruits qui couraient depuis quelques jours, mais c'est vrai que c'est un choc au vu de la proximité. Je ne connaissais pas les personnes qui habitaient là. Je passais devant, on se disait bonjour, mais ça n'allait pas plus loin. Le monsieur était souvent dans le jardin, il paraissait très gentil, il parlait facilement. Je ne pouvais pas imaginer ce qu'il se passait sur place."

Jacqueline, une voisine du lieu de la séquestration, au micro d'Alouette

"Jamais vu, jamais connu"

Même constat pour le maire de Saint-Molf Hubert Delorme, qui n'avait jamais entendu parler des locataires de cette maison située à Kerhudal.

"Je ne les ai jamais vus, et jamais connus. Quand les gendarmes m'ont posé la question, je ne connaissais aucun des trois noms. Ils ne se trouvaient pas sur les listes électorales de la commune. Les gens ne les connaissaient pas non plus. C'est très particulier actuellement. Soit les gens s'ignorent, soit les gens sont en conflit."

En revanche, il confirme que l'aide-soignante était connue des services municipaux. "Une procédure d'expulsion était en cours pour défaut de paiement de loyer avec près de 15 000 euros d'impayés en juin 2024."

Hubert Delorme, maire de Saint-Molf, au micro d'Alouette

Mis en examen pour séquestration avec tortures ou acte de barbarie

L'aide-soignante de 60 ans et l'homme de 82 ans ont été mis en examen pour séquestration avec tortures ou acte de barbarie, mais également pour abus frauduleux de l'état de sujétion psychologique ou physique d'une personne et de la faiblesse d'une personne vulnérable, indique le procureur de Nantes. Crime pour lequel ils risquent la réclusion criminelle à perpétuité.

La femme a été placée en détention provisoire alors que l'homme, placé sous le régime de témoin assisté, a été placé sous contrôle judiciaire et a pu regagner son domicile.