Classes de mer en Bretagne : "En 2020, seul un séjour sur 50 a pu avoir lieu"
Publié : 1er février 2021 à 10h55 par Marie PIRIOU
Les séjours scolaires, en classes de mer, se font rares depuis un an. Les structures d’accueil, même si elles se sont adaptées d’un point de vue sanitaire, souffrent de la situation actuelle. Entretien avec le directeur d'un centre du Finistère.
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En Bretagne, les classes de mer sont impactées par la crise sanitaire actuelle. Les séjours se font rares depuis le premier confinement, à tel point que onze centres bretons n’ont pas survécu à la crise sanitaire et ont dû fermer leurs portes. Certains résistent mais ils sont inquiets, comme le centre nature Bon Vent à Santec, dans le Finistère (29). Nous avons rencontré son directeur Matthieu Tréguier.
Quelles sont les difficultés que vous rencontrez actuellement ?
Nous sommes actuellement fermés administrativement, au moins jusqu’à la fin du mois de février, avec des perspectives assez sombres. Nous sommes très inquiets concernant les autorisations de séjours scolaires sur l’ensemble du printemps. Je pense que les blocages administratifs seront trop importants, au moins jusqu’à fin avril. Nous gardons un petit espoir sur mai et juin, cela nous permettrait de travailler à 50% d’un printemps normal, et combiné aux aides, cela nous permettrait surtout de rester la tête hors de l’eau.
Comment s'est passée 2020 avec la crise sanitaire ?
Sur l’année 2020, sur une cinquantaine de séjours prévus au niveau scolaire, nous n’en avons réalisé qu’un seul. Et sur la période estivale, en termes de colonies de vacances, seulement 40% des séjours prévus ont eu lieu.
Combien d'emplois sont rattachés à votre activité ?
En moyenne, nos établissements emploient 15 salariés. Ce ne sont pas que des animateurs ! Il y a toute une équipe derrière : animateurs mais aussi ménage, cuisine, entretien, administratif... Plus la reprise est repoussée, plus les facultés à travailler bien s’annoncent compliquées. La grosse inquiétude des directeurs d’établissements, c’est la perte de compétences de nos salariés. C’est toute une filière, tout un savoir-faire qui, demain, peut s’écrouler.
La situation financière de votre centre nature est-elle fragilisée ?
Effectivement, la trésorerie est en difficulté. On est en situation difficile, on a fait appel au Prêt Garanti par l’Etat. Ce qui nous inquiète, c’est la perspective de pouvoir perdre ce patrimoine immobilier, nos centres sont situés sur des endroits privilégiés, en bord de mer. Ils sont susceptibles d’attirer des promoteurs immobiliers, par exemple. Pour préparer un séjour de classe de mer, c’est huit mois de travail, en amont, pour les enseignants et pour les associations de parents d’élèves. Donc plus le redémarrage sera lointain, plus il sera compliqué, il faudra compter au moins huit mois après les autorisations de séjours.
Quelles sont vos attentes ?
On a envie de retrouver des enfants sur nos centres, on a envie de réentendre rire, crier, pleurer, se disputer... On a envie de refaire découvrir notre passion ! On garde espoir malgré tout car nos centres font partie de la chaîne éducative. Ils sont indispensables, surtout, à la chaîne éducative.
(Entretien retranscrit par Mikaël Le Gac)