"Faute de matériaux, on risque un arrêt total des chantiers", s’inquiète la Fédération française du bâtiment en Maine-et-Loire

22 avril 2021 à 8h23 par Gabriel Macé

La FFB49, la Fédération française du bâtiment en Maine-et-Loire, tire la sonnette d’alarme ! Dans une lettre ouverte à l’ensemble des acteurs économiques et politiques du département, elle alerte sur les difficultés d’approvisionnement en matériaux, entraînant une hausse des prix et un risque de pénurie.<br /> <br /> Interview de Yannis Borjon Piron, président de la FFB49 :

ALOUETTE
Crédit : Archives

Vous menacez de devoir arrêter totalement des chantiers. Quel est le problème aujourd’hui en matière d’approvisionnement pour les chantiers/ ?

On ne menace pas, ce n’est pas une menace, c’est la réalité des faits. C’est une contrainte que l’on risque d’avoir : d'arrêter totalement des chantiers, faute de matériaux. Ce n’est pas du tout une menace, c’est le fait de ne plus avoir de matières qui va faire qu’on a une contrainte. Conçernant l’approvisionnement, on a commencé par avoir des surcoûts de matières depuis le début de l’année. Ça a commencé sur les aciers, sur le cuivre… C’étaient des surcoûts qui allaient de 10 à 15% chaque mois. Pour exemple/: sur de l’ossature de cloison, on est arrivé à plus 30 à 40% en avril sur les trois premiers mois de l’année. Tous les matériaux ont augmenté un petit peu avec cette contrainte. Et depuis, on s’aperçoit qu’il y a également maintenant un risque de pénurie. C’est-à-dire qu’il y a un certain nombre de matériaux qui ne sont plus en stock chez nos fournisseurs qui ont du mal à les avoir. 

Ce problème d’approvisionnement aurait-il eu lieu si la COVID-19 n’avait pas existé ? 

Sur certains produits, peut-être. C’est un effet de la mondialisation notamment. Aujourd’hui, on commence à avoir des pénuries sur les produits « classiques », type plaques de plâtre, type peintures, etc. La pénurie de ces produits est liée à l’arrêt des usines de fabrication. C’est également le cas pour l’acier car les hauts fourneaux se sont arrêtés et n’ont repris que très récemment.

Plusieurs matériaux sont concernés par cette pénurie ?

Aujourd’hui, ce sont tous les matériaux qui sont concernés. Les plastiques, les polyuréthanes, tout ce qui est à base de produits pétroliers, etc. 

Il y a également un manque de personnel dû à la crise épidémique ?

La problématique du personnel, c’est un vaste sujet. Aujourd’hui, il faut savoir que dans le bâtiment, tous les voyants en matière économique sont au vert sans ces problèmes d’approvisionnement. Il y a de l’activité, il y a de la demande… Les entreprises sont débordées et ont des carnets de commandes de plusieurs mois pour certaines. Le Maine-et-Loire est même très bien loti par rapport à toute la partie construction. Néanmoins, avec les mesures gouvernementales et sanitaires, on a des gens qui sont en garde d’enfants, on a des gens qui sont cas contact et confinés chez eux à cause de ça, les congés qui ont été modifiés… Le mois d’avril a été très compliqué pour nos entreprises en matière d’organisation. Cela s’ajoute à un manque de main d’œuvre dans notre secteur du bâtiment. Situation, que l’on vit depuis des années et qui est due notamment à un manque d’attractivité de nos métiers, un manque de formation de nos entreprises qui prennent de moins en moins d’apprentis en fonction de leur situation économique. Il faut savoir que pour former un collaborateur pour qu’il devienne autonome, il faut 7 à 8 ans d’expérience. 

Vous comptez sur les acteurs économiques et politiques du département ?

Voilà, on s’adresse à tous les clients, qu’ils soient privés ou publics, pour qu’ils aient de la bienveillance envers nos entreprises et la situation exceptionnelle que nous sommes en train de vivre aujourd’hui. Et notamment, que par rapport à des retards de livraison de chantier, qu’ils soient compréhensifs et qu’ils n’appliquent pas de pénalités de retard sur les chantiers. Généralement, une entreprise du bâtiment fait 2% de marge sur une année. Quand vous avez des matériaux qui augmentent à hauteur de 30 ou 40%, suivant les métiers, ça peut devenir compliqué pour ces entreprises. Si des pénalités de retard s’ajoutent à ces augmentations de prix, il y en a qui vont avoir de grosses difficultés. 

Pourrez-vous répercuter ces prix plus tard ?

Sur les devis qui ont été acceptés par les clients, c’est là que l’on demande qu’il y ait un recours à de l’indexation et à de la révision des prix. Ce sont des choses qui pourraient être envisageable pour qu’il y ait un partage de ces conséquences de coûts entre le client et l’entreprise. Qu’on ne soit pas seuls à supporter l’incidence. Sur les devis à venir, il faut clairement prendre conscience que les entreprises vont répercuter les hausses de matériaux sur leurs devis. Nécessairement, les coûts de la construction vont augmenter.

Une interview réalisée par Denis Le Bars, retranscrite par Mikaël Le Gac.