Municipales 2020 : les 5 points à retenir du second tour

29 juin 2020 à 7h00 par Arnaud Laurenti

Abstention record, vague verte, déroute de LREM, une victoire du RN à Perpignan, résistances des bastions historiques... On fait le point sur le second tour des municipales 2020.

ALOUETTE
Crédit : Archives

Une abstention historique, une forte percée des écologistes, la douche froide de LREAM, et la victoire du RN à Perpignan : voici les points à retenir du second tour des élections municipales.

Abstention historique sur fond de coronavirus

Parmi les 16,5 millions d'électeurs appelés à voter dans 4.820 communes pour le second tour des municipales, ils sont nombreux à avoir boudé le scrutin. Le taux de participation s'établit entre 40% et 41%, selon les estimations, contre 62,1% en 2014.

Cette abstention historique s'inscrit dans le contexte de crise sanitaire liée à l'épidémie de coronavirus, qui a freiné les électeurs, malgré des mesures sanitaires renforcées, alors que les candidats n'ont quasiment pas pu faire campagne, trois mois après un premier tour déjà marqué par une forte abstention.

Lors du premier tour, le 15 mars dernier, l'abstention a atteint 55,34%, soit près de 20 points de plus qu'en 2014.

La vague écologiste

Les écologistes remportent une large victoire à Lyon, où Grégory Doucet, à la tête d'une coalition EELV-PS-PCF-LFI, arrive en tête avec plus de 50% des voix, selon les estimations, devant Yann Cucherat, poulain du maire sortant Gérard Collomb.

Ils sont aussi en position à Marseille grâce à Michèle Rubirola, à la tête d'une coalition de gauche, qui obtient autour de 40% des voix, devant la candidate LR Martine Vassal et le candidat RN Stéphane Ravier. Mais Martine Vassal a refusé de reconnaître sa défaite, donnant rendez-vous vendredi 3 juillet à l'élection du maire par le conseil municipal.

Les écologistes gagnent aussi Bordeaux où Pierre Hurmic arrive en tête devant le maire sortant LR Nicolas Florian, mais aussi Strasbourg (Jeanne Barseghian obtient 42,5% des voix), Tours, Poitiers, Besançon, Annecy.

Dans la capitale, Anne Hidalgo, alliée à EELV, sort vainqueur de la triangulaire avec près de 50% des voix, loin devant la candidate LR Rachida Dati (autour de 32%), et la candidate LREM Agnès Buzyn (entre 13,7 et 16%).

Edouard Philippe élu au Havre, déconfiture de LREM

Le Premier ministre Edouard Philippe l'a largement emporté dimanche au Havre avec près de 59% des voix face au député PCF Jean-Paul Lecoq. Cette victoire conforte le chef du gouvernement, alors que se profile un important remaniement, mais ne masque pas le fiasco annoncé du parti majoritaire LREM.

La porte-parole du gouvernement, Sibeth Ndiaye, a fait part de la "déception" de la majorité, qui a enregistré des scores parfois "extrêmement décevants" en raison de ses "divisions" lors de ces municipales.

À Paris, Agnès Buzyn, arrivée seulement en troisième position, n'a pas réussi à obtenir suffisamment de voix pour devenir conseillère de Paris.

Petite consolation, François Bayrou, patron du Modem, a été réélu à Pau.

Le Rassemblement National prend Perpignan

Le "front républicain" n'a pas fonctionné à Perpignan, où le candidat du RN Louis Aliot l'a emporté avec 53,1 à 54% des voix face au maire sortant Jean-Marc Pujol (LR), selon les estimations. Avec ses 120.000 habitants, il s'agit de la plus grosse ville conquise par le RN depuis Toulon (1995-2001).

"Une victoire symbolique" et "un vrai déclic, parce que nous allons aussi pouvoir démontrer que nous sommes capables de gérer de grandes collectivités", a estimé Marine Le Pen.

Le RN gagne aussi les villes de Moissac (Tarn-et-Garonne), Bruay-la-Buissière (Pas-de-Calais), mais ne réussit pas à l'emporter à Carpentras (Vaucluse).

Résistance des partis traditionnels PS et LR

Outre Hidalgo qui conserve Paris, le PS garde Lille, où Martine Aubry remporte de justesse son 4e mandat, avec seulement 227 voix d'écart, contre son concurrent écologiste Stéphane Baly.

Les socialistes remportent Nancy ainsi que Rennes, Nantes et Le Mans. En Bretagne, Quimper et Morlaix passent à gauche. Le Premier secrétaire du PS Olivier Faure s'est félicité des "formidables victoires" remportées par les socialistes et les écologistes, souvent rassemblés au second tour.

À droite, Les Républicains gardent Toulouse, où le maire sortant Jean-Luc Moudenc (soutenu par La République en marche) l'emporte. À Nice, le maire sortant Christian Estrosi (Les Républicains) a revendiqué la victoire dans sa ville, et à Aix-en-Provence la LR Maryse Joissains-Masini a été réélue avec 43,5% des voix. En Bretagne, Lorient bascule à droite après plus d'un demi-siècle à gauche. 

Selon le président de LR Christian Jacob, son parti "renoue avec la victoire" en remportant "plus de la moitié des villes de plus de 9.000 habitants".

(avec AFP)