Selon une étude, l’eau de pluie est impropre à la consommation

10 août 2022 à 16h52 par Maëva Bossard

Une étude de l’Université de Stockholm a révélé que l’eau de pluie était impropre à la consommation.

Selon une étude, l’eau de pluie est impropre à la consommation
Crédit : Illustration Unsplash

Une récente étude menée par des scientifiques de l’Université de Stockholm a révélé que l'eau de pluie sur Terre est impropre à la consommation à cause de la présence de produits chimiques toxiques dépassant les seuils recommandés.

C’est un professeur de l’Université de Stockholm, Ian Cousins, qui a dirigé l’étude publiée dans la revue Environmental Science and Technology : "Il n'y a nulle part sur Terre où l'eau de pluie serait propre à la consommation, d'après les données que nous avons utilisées" déclare-t-il à l’AFP.

Son équipe a étudié des données compilées depuis 2010 et a montré que "même en Antarctique ou sur le plateau tibétain, les niveaux présents dans l'eau de pluie sont au-dessus des recommandations proposées de l'Agence de protection de l'environnement des États-Unis (EPA)", ajoute le scientifique.

Ces deux régions, normalement considérées comme intactes, ont des niveaux de PFAS (per et polyfluoroalkylées) "14 fois supérieurs" aux recommandations américaines pour l'eau potable.

Les PFAS sont plus communément appelés "les produits chimiques éternels" pour leur désintégration lente. Initialement présents dans les emballages, les shampoings ou encore le maquillage, ils se sont répandus dans notre environnement, y compris l'eau et l'air.

Une fois ingérés, les PFAS s'accumulent dans le corps. Ces produits ont des conséquences sur la santé, notamment pendant la grossesse car l'exposition aux PFAS peut avoir des effets sur la fertilité et le développement du fœtus selon certaines études.

Elle peut aussi mener à des risques accrus d'obésité ou de certains cancers (prostate, reins et testicules) et une augmentation des niveaux de cholestérol.

L'EPA a récemment baissé le seuil de PFAS recommandé, après avoir découvert que ces produits chimiques pourraient avoir un impact sur la réponse immunitaire à des vaccins chez les enfants, note Ian Cousins.

 

La planète est "contaminée de manière irréversible"

Ian Cousins explique que les PFAS sont maintenant "si persistants" et omniprésents qu'ils ne disparaîtront jamais de la Terre : "On a rendu la planète inhospitalière à la vie humaine en la contaminant de manière irréversible, ce qui fait que plus rien n'est propre. Et au point que ce n'est pas assez propre pour être sûr", dit-il.

"Nous avons dépassé une limite planétaire", ajoute-t-il, en référence à un modèle permettant d'évaluer la capacité de la Terre à absorber l'impact de l'activité humaine.

Mais selon le scientifique, les niveaux de PFAS dans l'organisme des êtres humains ont diminué "de façon assez significative ces 20 dernières années" et "le niveau ambiant (des PFAS dans l'environnement) est resté le même ces 20 dernières années".

Il précise que "Ce sont les recommandations qui ont changé", en expliquant que l'on a baissé le niveau de PFAS recommandé "des millions de fois depuis le début des années 2000, parce qu'on en sait plus sur la toxicité de ces substances".

Malgré les découvertes de l'étude, Ian Cousins considère qu'il faut apprendre à "vivre avec" : "Je ne suis pas très inquiet de l'exposition quotidienne dans les montagnes, les cours d'eau ou la nourriture. On ne peut pas y échapper...on va juste devoir vivre avec. […] Mais ce n'est pas une situation idéale, où l'on a contaminé l'environnement au point que l'exposition naturelle n'est pas vraiment sûre".

 

(avec AFP)