Confinement : des mesures pour compenser la fermeture des parloirs dans les prisons

20 mars 2020 à 4h10 par Arnaud Laurenti

Télévision gratuite, crédit pour le téléphone, aide pour les plus démunis : la ministre de la Justice Nicole Belloubet a annoncé jeudi des mesures pour les détenus afin de compenser la suspension des parloirs, qui a provoqué des tensions dans des prisons.

ALOUETTE
Crédit : Archives

Depuis mercredi, afin de lutter contre la propagation du coronavirus en détention, les intervenants extérieurs ne peuvent plus se rendre en prison et les familles et proches des détenus ne peuvent plus accéder aux parloirs. Alors que la tension montait dans les prisons, la ministre a été pressée de prendre des mesures pour les détenus.

Tensions dans les prisons

Jeudi, des incidents ont de nouveau eu lieu, nécessitant l'intervention des Eris, les équipes régionales d'intervention et de sécurité de l'administration pénitentiaire. A la prison d'Argentan (Orne), une quinzaine de détenus sont montés sur le toit.

La situation a été également tendue dans les prisons de Nanterre, Osny (Val-d'Oise), Nantes, Aiton (Savoie), avec le plus souvent des refus de réintégrer les cellules après les promenades, a indiqué la direction de l'administration pénitentiaire à l'AFP. Ces incidents étaient tous terminés dans la soirée de jeudi, a précisé cette source.

Nicole Belloubet a annoncé dans un communiqué que "jusqu'à la fin de la période de confinement, chaque détenu pourra bénéficier d'un crédit de 40 euros par mois sur son compte téléphonique, lui permettant de rester en contact avec sa famille et ses proches". Ce crédit correspond à 11 heures de communication en France métropolitaine vers un téléphone fixe ou 5 heures vers un téléphone portable, précise Mme Belloubet.

Par ailleurs, "afin d'accompagner la suspension des activités en détention, la gratuité de la télévision sera assurée".

Une aide pour les détenus les plus démunis

"Les détenus les plus démunis pourront bénéficier d'une aide majorée de 40 euros par mois leur permettant notamment de cantiner, dans un contexte où les familles pourraient rencontrer des difficultés à effectuer des virements", annonce également la garde des Sceaux. Ces mesures entreront en vigueur lundi.

Après la Contrôleure des prisons mardi, l'Observatoire international des prisons mais aussi le Syndicat de la magistrature et l'Association nationale des juges de l'application des peines ont appelé à "réduire la surpopulation pour éviter la crise sanitaire".

"Face au risque de crise sanitaire et sécuritaire, il faut aujourd'hui permettre à un maximum de personnes de sortir immédiatement de ce vase clos", ont-ils écrit, craignant "des émeutes à l'instar de celles qui ont eu lieu en Italie".

La ministre de la Justice reconnaît que "la régulation de l'occupation des maisons d'arrêt constitue une priorité pendant cette période". Elle a demandé aux juridictions "de différer la mise à exécution des courtes peines d'emprisonnement". "Nous allons prendre des mesures pour limiter les courtes peines", a promis la ministre au Sénat jeudi après-midi.

"Ces mesures sont d'ores et déjà suivies d'effet : on comptabilise ces derniers jours une trentaine d'entrées en prison quotidiennes contre plus de 200 habituellement", assure Nicole Belloubet.

(avec AFP)