Coronavirus : soutien-gorge et filtre d'aspirateur en guise de masque

25 mars 2020 à 6h33 par Arnaud Laurenti

Un filtre à aspirateur, une coque de soutien-gorge et le tour est joué : Céline Benzy, couturière de Haute-Vienne, s'est lancée dans la fabrique de masques, et croule déjà sous les commandes. Ces masques sont surtout destinés à rassurer.

ALOUETTE
Crédit : Archives

À Saint-Léonard-de-Noblat, à l'est de Limoges, elle a enrôlé fils et enfants pour se lancer sur ce marché porteur. "Notre produit ressemble à un masque chirurgical avec une coque de soutien-gorge pour le côté arrondi et agréable à porter", explique Céline à l'AFP.

"Mieux que rien"

"J'ai récupéré des draps d'hôtel recyclés, blancs, en coton, ils peuvent passer à la javel. Et puis je rajoute ces filtres d'aspirateur pour éviter les particules. Je sais bien que ça n'a rien à voir avec les masques FFP2 mais ils ont été validés par mon pharmacien et il vaut mieux avoir quelque chose que rien du tout. Au moins, ça évite le postillon", dit-elle. " Des médecins m'en ont déjà commandé. Je livre des ambulanciers, des commerçants, des grandes surfaces".

Les masques sont également équipés de pince-nez, en réalité des plastiques servant habituellement à fermer des sachets de thé.

La couturière de 47 ans a 800 masques en attente de production. "Mon mari a pris ses premiers cours de couture il y a quelques jours et mes enfants de 10 et 12 ans m'aident également", dit Céline Benzy qui tente de mobiliser les autres couturières de la commune.

Des demandes qui affluent

"Pour éviter tout risque, nous procédons au nettoyage des machines constamment, les masques sont lavés à l'eau oxygénée puis placés dans une boîte hermétique."

À 2 euros pour les professionnels et 6 euros pour les particuliers, la demande est telle que son mari, Willy Schumann, a dû à son tour recruter le bourrelier de la commune.

"Il a déjà pris le coup de main. On travaille tout le temps. Récemment, l'IUMM, (l'Union des industries et des métiers de la métallurgie) nous a demandé de livrer 200 masques par jour. Pour l'instant c'est impossible", lance-t-il. "A moins que l'on soit aidés et que l'on trouve des élastiques. C'est le point faible de la production. Il nous faut des kilomètres d'élastique".

Frédéric Vergne, salarié et futur gérant d'un Intermarché à Limoges, fait partie des clients. Il a déjà reçu une trentaine de masques pour les salariés. "Si ça préserve du virus à 100% ? On n'en sait rien. Mais on se protège comme on peut. L'initiative est bonne, on les lave chaque soir et cela permet de rassurer le personnel, comme la clientèle".

(avec AFP)