Reprise des Girondins : redressement judiciaire écarté, Gérard Lopez en sauveur revenu de très loin

Publié : 23 juin 2021 à 5h41 par Arnaud Laurenti

Un redressement judiciaire pesait depuis des semaines sur les Girondins de Bordeaux: il a été écarté mardi après l'annonce d'un accord entre l'ancien actionnaire majoritaire King Street, son bailleur Fortress et Gérard Lopez, de retour en L1 six mois après avoir été débarqué de la présidence de Lille.

ALOUETTE
Crédit : Girondins de Bordeaux | DR

Après la crainte, le soulagement. Toute la journée de mardi, les supporters et amoureux des Girondins ont craint que le président Frédéric Longuépée, en qualité de mandataire social du club, ne déclenche la procédure de redressement judiciaire tant redoutée, aux conséquences sportives incertaines.

Le communiqué du club au scapulaire publié peu après 18 heures a mis fin au suspense. "À la suite de longues discussions menées ces derniers jours, un accord a finalement été trouvé entre King Street, Fortress et Gérard Lopez validant le projet porté par ce dernier".

Offre solide

Lopez, 49 ans, patron du LOSC de janvier 2017 à décembre 2020, qui a fait fortune dans les nouvelles technologies, apporte "les garanties demandées par le Conseil d'administration", répondant ainsi aux attentes de la banque d'affaires Rothschild, chargée de la vente du club, qui avait sollicité elle-même il y a quelques semaines l'homme d'affaires hispano-luxembourgeois au regard de son profil.

La question était de savoir si l'ancien propriétaire de l'écurie de Formule 1 Lotus, qui dirige deux autres clubs européens, Mouscron en Belgique et Boavista au Portugal, avait les capacités financières pour racheter les Girondins, club historique aux six titres de champion de France, mais relégué dans le ventre mou de la L1 depuis plusieurs saisons.

Un temps allié à un autre repreneur potentiel, Pascal Rigo, un Girondin qui a fait fortune dans la boulangerie en Californie, Lopez a finalement conclu le deal tout seul avec "ses deniers personnels", selon le quotidien Sud Ouest, et avec l'aide du Club Scapulaire, qui regroupe 250 entrepreneurs, principalement locaux, qui ont apporté autour de 5 millions d'euros.

"Une première étape est franchie. Nous avons désormais déposé une offre solide, à même de répondre aux attentes des différentes parties prenantes", a précisé M. Lopez dans un communiqué transmis à l'AFP.

Soulagement des élus...

Pour que la vente soit effective, M. Lopez doit désormais apporter des garanties à la Métropole, dont le président Alain Anziani a salué l'accord, sur le versement du loyer du stade (4,9 millions d'euros par an) et devra aussi convaincre la DNCG, le gendarme financier de la Ligue de football professionnel, que son plan est viable.

Son passage devant la DNCG prévu début juillet sera scruté, notamment par Toulouse, battu lors du barrage de maintien/accession en L1 par Nantes et qui pourrait être promu sur tapis vert en cas de rétrogradation de Bordeaux.

En attendant les élus locaux ont aussi exprimé un début de soulagement. "L'information d'un accord trouvé vient clore cette séquence de flottement et de doutes", a écrit le maire (EELV) de Bordeaux Pierre Hurmic, qui assure qu'il restera "vigilant sur la solidité et la pérennité du modèle économique proposé et attend l'instauration rapide de relations de confiance, nouvelles, entre le club et la ville".

... et des supporters

L'autre offre de reprise, portée par Didier Quillot, ancien directeur général exécutif de la Ligue de football professionnel (LFP), qui réclamait que King Street respecte un arrangement pris en juillet 2020 devant la DNCG, à savoir remettre les comptes à zéro au 30 juin, ce qui représentait 27 millions d'euros, avait les faveurs de certains dirigeants bordelais, surtout en cas de redressement judiciaire.

Voir revenir Lopez dans la circuit, sept mois après avoir été éjecté de la présidence de Lille, futur champion, par le fonds d'investissements américain Elliott Management, pourrait toutefois en crisper plus d'un.

Notamment dans le Nord où son passage, basé sur le trading de joueurs, a certes été bénéfique sportivement avec un LOSC rejouant les premiers rôles, mais pas financièrement, avec une dette de plus de 120 millions d'euros, principale raison de son éviction en décembre dernier.

Ces casseroles sont connues des supporters girondins qui redoutaient par-dessus tout le scénario d'un redressement judiciaire, et pour l'instant se satisfont de l'issue. "Même si nul ne peut prédire le futur, c'est un immense soulagement !", ont tweeté les Ultramarines, principal groupe de supporteurs, désormais avides d'informations sur le futur organigramme de leur club et la compétitivité du club au scapulaire.

(avec AFP)